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MES DICTIONNAIRES ! Une longue et belle amitié que celle-là ! D’aussi loin que je m’en souvienne, les dictionnaires et les encyclopédies m’ont offert mes plus beaux voyages et parmi les plus vives émotions de mon enfance. Le rituel était toujours le même : En ouvrir un au hasard et partir, au gré des définitions, pendant des mots et des mots. J’ai ainsi escaladé je ne sais combien de montagnes de mots, traversé des jungles de définitions, passant sans aucun visa ni décalage horaire de reproductions en plans de coupe architecturaux, de planches botaniques en statistiques, de listes de conversion et de nœuds marins en légendes, notes biographiques de personnages célèbres ou découvertes majeures de l’humanité. Soigneusement rangés dans une chambre à part, nous avons très souvent fait lit commun ! Et bien avant le déferlement des productions hollywoodiennes truffées de technologie, ils ont été ma machine à voyager dans le temps, à me retrouver la tête dans le vide, de l’autre côté de la Terre.

Lorsque vers 20 ans - en tournée à Pékin avec le Ballet Royal des Flandres - j’ai franchi le seuil de la chambre de l’Empereur au cœur de la Cité interdite, à une époque où tout était encore très “rouge” et très fermé, le mélange entre l’émerveillement de la découverte exotique, l’honneur exceptionnel qui nous était accordé et l’étrange sensation de déjà-vu était si intensément entremêlé, qu’en une bouffée, l’odeur des pages de mes dictionnaires d’enfance m’est revenue. Je leurs ai toujours été fidèlement reconnaissant de cet apport si essentiel dans ma vie de jeune homme. A tel point que lorsque j’ai choisi de rejoindre à 16 ans les rangs de la célèbre école du Ballet de Stuttgart, et quitter les études - non sans peur - avant le baccalauréat, j’ai emporté un minimum d’habits, mes partitions de piano et une valise remplie de dictionnaires ! Evidemment aujourd’hui, internet obligeant, ils m’attendent patiemment à la maison et je voyage plus léger,
;-)

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